« J’ai manqué le rendez-vous avec la mort. Par grâce. »
Le 04 Mars 2012…Il est tôt lorsque retentit les premières explosions au sein de Mpila, un quartier nord de la ville de Brazzaville au Congo. Deux magasins de munitions du dépôt de la caserne situé dans le dit quartier explosent et en l’espace de 30minutes, Mpila, quartier peu animé en ce jour dominical sombre dans l’horreur : Bâtiments effondrés, corps sans vie et enfants errants pris de panique. La catastrophe est palpable. Danny, jeune habitant dudit quartier est l’un des « chanceux » qui a raté ce rendez-vous imprévu avec une mort certaine. Il nous raconte son histoire.
« Je m’appelle Danny et je vis depuis ma plus tendre enfance dans le quartier de Mpila. Ces rues, aujourd’hui méconnaissables, sont celles qui m’ont vu grandir.
La veille de la catastrophe du 04 Mars 2012, je suis rentré très tard d’une fête à laquelle j’avais assisté. Ma mère, qui m’attendait, m’a reproché mes rentrées tardives et une dispute s’en est suivie. Seul soutien pour mes deux frères et moi-même, il est vrai que je lui causais bien plus de peine que de joie. Et ce soir là, elle ne manqua pas de me le rappeler.
Ce soir là donc, après une dispute plus bruyante que les autres, ma mère fit l’impensable : Elle mit mes bagages à la porte et moi, avec. Précisant qu’elle ne voulait pas d’un enfant alcoolique et irresponsable. Seulement, elle ajouta, pendant que je m’en allais : « Que le Seigneur veille sur toi en tout cas ». Malgré sa colère, elle me remit entre les mains de l’Eternel, moi qui partais, furieux, chez une de mes tantes paternelles dans une zone assez éloignée de la nôtre.
A 8 heures à peu près (07 heures GMT), une forte explosion retentit. Les gens, encore traumatisés par les guerres passées ; entrevoyaient un énième conflit armé et se préparaient à quitter les lieux. J’étais pris de peur, me sachant loin de ma famille. Seulement, ma peur se transforma vite en terreur lorsqu’une personne se mit à crier : « Explosion. Na Mpila !! Ba ndako e kueyi » (Ndrl :Explosion à Mpila. Des maisons sont tombées).
Ma mère. Mes frères. Je les imaginais sans vie. Enterrés sous les décombres de notre vieille maison. Des larmes couvrirent mon visage et Dieu seul sait combien j’ai regretté à ce moment d’être loin des miens.
Tandis que je me lamentais, mon téléphone sonna. Maman. Ma mère !!
C’est en pleurant que je répondis et c’est sans vraiment comprendre que je l’entendis me dire, à la fois angoissée et confiante, « Mon Dieu a pourvu ».
Sur l’instant, je ne compris pas sa phrase mais lorsqu’elle, ainsi que mes frères, me rejoignirent chez ma tante ; elle m’expliqua qu’ils étaient en route pour l’église lorsque tout avait commencé et que les premiers tremblements les avaient fait se réfugier dans un recoin, épargné par les bâtiments qui s’effondraient.
Ensuite, n’étant pas éloigné de la maison, ils y retournèrent et remarquèrent effrayés que bien que la maison ait perdu ses vitres, que les murs soient fissurés et que le mur de l’enceinte soit tombé…La toiture avait tenu. Enfin, presque !!
La toiture était quasiment intacte, sauf la partie recouvrant ma chambre qui s’était effondrée, recouvrant mon lit ainsi que toutes mes affaires.
Sachant que les dimanches, je préférais rester tard au lit ; il est clair que si j’avais passé la nuit chez moi, j’aurais été retrouvé enseveli dans ma chambre.
Ce jour là, c’était tout le Congo qui était en deuil. Les ruelles de chez moi n’existent plus, les dégâts matériels sont importants. Près du camp, trois églises ont été détruites totalement ou en partie. Des maisons ont eu les toits disloqués, les portes enfoncées, les vitres brisées. Des logements et bâtiments ont été touchés jusqu’au centre-ville…Mais face à cela, j’ai appris une leçon essentielle : Dieu prend soin de ceux qui se confient en lui.
Dans cette partie de la ville où tant de larmes ont coulé, où tant de vies se sont arrêtées, où l’histoire s’est écrit en noir : J’ai manqué le rendez-vous avec la mort. Par grâce. Par Sa grâce. »
Brazzaville, ce 04 Mars 2012, c’est uniquement le Seigneur qui saura consoler ceux qui ont perdu un parent, un ami, un frère…Ceux qui ont perdu leurs logements. Ceux qui n’oublieront jamais.
Jésus est la solution.